Parcours

Né en 1960 à Coteau-du-Lac en Montérégie, Baudoin Wart vit et travaille à Montréal. Artiste pluridisciplinaire, il revendique un art fondé sur l’instinct et la pensée sauvage. La peinture est donc chez lui une manière de se connecter à ce qu’il y a de plus viscéral, d’obscur ou d’impénétrable en lui. Dès le début des années 80, alors qu’il amorçait la vingtaine, Baudoin Wart ressentait l’urgence de faire bouger et de faire évoluer ces choses qui lui semblaient mortellement insipides, stagnantes et moroses. Montréal et la grisaille de son urbanité, platement ordonnée, il lui fallu la « déranger » un peu, toutefois de manière constructive, fertile.

De connivence avec le milieu culturel, artistique, et qui spontanément lui réclamait ses services d’afficheur singulièrement efficace, attentionné et conscient de la précarité financière d’une telle clientèle, en 1987 Baudoin Wart a créé sa propre entreprise d’affichage sauvage à vocation culturelle. Depuis lors, PUBLICITÉ SAUVAGE n’a jamais cessé de colorer, de « mouvementer » au quotidien notre vision de la Ville.

Chez ce peintre doublé de l’entrepreneur « pour gagner sa vie », la peinture qu’il n’a jamais abandonnée est sa façon vitale de rencontrer l’invisible, une manière de se connecter à l’immatérialité psychique et d’accéder à ÇA, cette partie la plus obscure, la plus impénétrable de sa personnalité. Introspective, à la fois ludique et périlleuse, l’oeuvre de Wart s’attaque à toute surface blanche (de papier ou de toile) comme s’il s’agissait d’un champ d’investigation du subconscient en lequel Mourir à soi, pour renaître à tout. (B.W.)

À la manière de l’écriture automatique, pinceaux, crayons et spatules sont chez lui les extensions opératoires d’inspirations soudaines. Comme autant d’illuminations, celles−ci donneront lieu à des formes, à des textures et à des couleurs qui souvent se sépareront de leur référence à la matérialité des sujets ou des objets représentés. À l’instar des peintres fauves, cette dissociation des couleurs conventionnelles, attribuées à la matérialité des choses et à la corporalité des êtres, aura pour effet d’accentuer l’expression pure d’un inconscient inaltéré, libre et opérant bien malgré lui. Ses oeuvres qui s’organisent spontanément transforment l’acte de création en une ardeur de vie retrouvée. Ces illuminations qui donnent lieu à des formes, à des textures et à des couleurs vivantes se détournent de la concrétude de tout référent au profit du symbolique, du magique, et de l’expression pulsionnelle d’impressions intangibles. Ses tableaux témoignent du cheminement inclassable, voire « indiscipliné » de cet artiste chez qui la constance est essentiellement le renouvellement. Texte : Céline Mayrand